Description
Christoph Reding: Château fort et château de Brunegg – les résultats des recherches archéologiques
Heidemarie Hüster Plogmann: Restes animaliers dans l’ancienne tour principale du Château de Brunegg AG
Peter Holzer et Gabi Meier: Château de Saint Andreas à Cham (canton de Zoug) : analyse des recherches réalisées en 2009/2010
Château fort et château de Brunegg – les résultats des recherches archéologiques
Le château fort de Brunegg a été construit au cours de la première moitié du 13e siècle, sur le contrefort est du Kestenberg. Il était le siège des représentants de Habsbourg, chargés de l’administration des biens habsbourgeois. Autour de 1270, apparaît la première mention officielle de Wernher dem Schenken von Brunegg, tandis que le château est cité pour la première fois en 1273. A sa construction, le château principal avait sans doute été conçu comme château fort avec mur bouclier.
Au 14e siècle, le château fort passa aux mains des représentants habsbourgeois d’Autriche. Autour de 1375, le château principal a été partiellement détruit par un incendie. La reconstruction qui suivit a également servi à fortifier l’édifice, par la construction de la tour principale. Du point de vue de la typologie architecturale, l’édifice est devenu une forme mixte, composée d’un château fort avec mur bouclier et d’une combinaison entre tour principale et palas. Le maître d’ouvrage était sans doute Heinrich Gessler, qui s’est ainsi créé une demeure patricienne.
Après la conquête de l’Argovie par les Confédérés en 1415, les Bernois sont entrés en conflit avec la famille Gessler au sujet du droit de propriété. Le château aurait nécessité des travaux de rénovation déjà depuis la seconde moitié du 15e siècle. Dès 1473, la propriété a été remise en fief par les Bernois à la famille Segenser, qui laissa l’édifice se dégrader encore.
En 1538, le château a été définitivement repris par les Bernois, qui l’ont confié au bailli de Lenzburg. Brunegg passa donc de siège de noblesse, ou plus précisément de siège patricien, en poste de retrait du système de défense bernois, rattaché à une exploitation agricole.
Dès 1555, des travaux d’assainissement ont été entrepris. Ils ont été intensifiés vers 1620–1622 en raison de la menace que représentait la Guerre de Trente Ans (1618–1648). Les travaux d’entretien réalisés par les Bernois visaient davantage la conservation du site qu’une remise en valeur des fortifications ou de l’aspect représentatif. Le château avait déjà été touché par la foudre en 1555 et 1627 et, en 1664, une nouvelle tempête a fait exploser la poudre stockée dans la tour principale, qui a donc dû être réparée. Apparemment, ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard que son mur nord ainsi que des parties du bâtiment intermédiaire se sont effondrés. Tandis que la tour principale a été laissée à moitié en ruine, le palas et le bâtiment intermédiaire ont été remis en état.
Après la chute de l’Ancien Régime en 1798, le canton d’Argovie a vendu le château à un particulier, qui a transformé le site en complexe hospitalier. La tour principale a été rabaissée à la hauteur du bâtiment d’habitation et l’ensemble du château principal a été recouvert par un toit uniforme. Le confort a été augmenté par des transformations au sein du château principal, le réaménagement du château inférieur et la création de terrasses de jardin. Mais l’utilisation du site comme hôpital na pas connu le succès escompté et le château, ainsi que ses environs, sont passés aux mains de la famille Hünerwadel de Lenzburg. Le site de Brunegg a alors été transformé en château, en réalisant quelques adaptations au niveau des espaces intérieurs. Depuis le milieu du 20e siècle, il appartient à la famille von Salis, qui l’a rénové en 1993.
Restes animaliers dans l’ancienne tour principale du Château de Brunegg AG
244 restes de nourriture d’1,8 kg livrent un aperçu des repas des ouvriers qui étaient chargés de la construction du château principal de Brunegg (AG), au cours de la première moitié du 13e siècle. Il s’agit pour la moitié de flèches (côtes) – éventuellement fumées – de bœuf et de porc, présentées sous forme de portions de 10 à 20 cm de large.
A côté de cette part disproportionnée de côtes de bœuf et de porc, les fragments d’os conservés livrent des indications asystématiques sur la présence de toutes les parties du corps. Aucun de ces restes animaliers n’indique la consommation d’animaux très âgés. Ces portions de viande laissent donc supposer une alimentation étonnamment luxurieuse, qui englobe aussi la consommation de poulet – et dans certains cas – de saumon, de mouton (ou chèvre) et de lapin.
Toutefois, il y a aussi des indices explicites de viande de deuxième choix : un jarret de porc révèle la consommation de viande fortement enflammée. Le bras d’un jeune chat (si toutefois celui-ci peut être compté parmi les restes de nourriture) ne fait pas non plus partie de ce que l’on peut juger comme de la viande de premier choix. Dans l’ensemble, les restes de nourriture retrouvés représentent de menues portions de viande, issues d’une cuisine noble.
Château de Saint Andreas à Cham (canton de Zoug) : analyse des recherches réalisées en 2009/2010
Des travaux de transformation au château de Saint Andreas à Cham (canton de Zoug) ont donné l’opportunité à l’Archéologie cantonale zougoise d’examiner, en partie, le château et son environnement direct, au cours des années 2009 et 2010. Sous le mur d’enceinte actuel, de modestes vestiges d’un ancien mur ont été retrouvés. Celui–ci peut être identifié comme première phase de construction, et daté de l’époque précédant le 12e siècle. La thèse qui préconise que la Cours de « Cham », mentionnée dans un document officiel datant de 858 ap. J.–C., se situait à l’emplacement du château actuel, pourrait donc être corroborée par cette découverte. Au cours de la seconde phase de construction, le premier château a été érigé, dont la chemise a été conservée dans le château actuel jusqu’à une hauteur de 12,05 mètres. Une tranchée exploratoire à l’extérieur du château a révélé que l’aménagement était également protégé par un remblai et une fosse.
Au nord–est de la cours du château, se trouvait un bâtiment en pierres rectangulaire, accolé à la chemise. Des échantillons du mortier du mur laissent supposer une datation du château avec chemise remontant à la période entre la seconde moitié du 11e siècle et le premier tiers du 13e siècle.
Le complexe actuel a été complété, au cours de la troisième phase de construction, par un autre bâtiment en pierres, situé à l’est.
Au 13e/14e siècle, autour du château, un lotissement citadin s’était créé, auquel l’Empereur Charles IV accorda, en 1360, le droit de marché et le droit de bourgeoisie. Saint Andreas a été pris d’assaut par Zoug et Schwyz dans les années 1385/1386, au cours de la Guerre de Sempach.
En 1533, l’aménagement a été remis en état par le bailli Heinrich Schönbrunner, au cours d’une quatrième phase de construction. La cinquième phase de construction, comprend la division en deux pièces du bâtiment en pierres à l’est. La pièce du nord, dotée d’un fourneau et d’un évier, était apparemment utilisée comme cuisine. On peut supposer que ces travaux ont été réalisés sous Kaspar Brandenberg, qui a transformé le château entre 1620 et 1671. Au 18e siècle, l’aménagement a passé aux mains du cartographe et lieutenant–colonel Franz Fidel Landtwing, qui a fait aplanir le remblai et combler le fossé. Le complexe a été endommagé pendant l’occupation française en 1798. Les transformations qui ont donné naissance au château actuel ont été réalisées au cours de la sixième phase de construction, en 1908, et ont été réalisées par les architectes Fred Page et Dagobert Keiser.
Trad. Sandrine Wasem (Thun)