Revue Moyen Âge 2023/3

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Description

Urs Lendenmann: Ludwig Tress – Chef de chantier de l’Association des châteaux forts et artiste

Werner Bellwald / Jakob Obrecht: «… de petites cabanes de gardien sont taillées dans cette roche… » Le poste de garde de Marungglii de type « place-refuge » près d’Albinen (territoire de la commune de Loèche/VS)

 

Ludwig Tress – Chef de chantier de l’Association des châteaux forts et artiste

En 1930, l’Association des châteaux forts chercha un chef de chantier pour la restauration de la ruine de Jörgenberg dans l’Oberland grison. Ludwig Tress, originaire d’Allemagne, né en 1904 à Darmstadt, était alors sans emploi depuis quelques mois en raison de la crise économique et possédait déjà de l’expérience dans la restauration de forteresses et de châteaux. Il fut immédiatement engagé et participa à la restauration de plusieurs châteaux entre 1930 et 1932 : Jörgenberg (GR), Farnsburg (BL), la ruine de Pfeffingen (BL), Hohentrins (GR), la ruine de Schenkenberg (AG), la tour de Santa Maria di Calanca (GR) et la ruine de Wartau (SG). C’était un jeune homme énergique et querelleur. Des altercations avec des entrepreneurs chargés des travaux de rénovation furent signalées à plusieurs reprises. Ludwig Tress s’intéressait aussi beaucoup à l’histoire et mena des fouilles archéologiques non commanditées.

Dans la commune de Wartau, où il dirigea la restauration des ruines du château en 1932, on se souvient encore de lui après plus de 90 ans, et ce en raison d’une plaisanterie qu’il fit à la population locale. Il mit en scène la découverte d’un jeu de quilles en or qui, selon la légende, aurait été enfoui près des ruines du château.

Pour Ludwig Tress, l’art prit de plus en plus d’importance. Il peignait pendant son temps libre et laissa à Wartau une boîte contenant des dessins réalisés au crayon à papier, aux crayons de couleur et à l’encre, des aquarelles et des peintures à l’huile. On perdit ensuite sa trace. Selon des récits, il serait retourné en Allemagne et serait mort pendant la campagne de Russie.

En réalité, Ludwig Tress habita jusqu’en 1935 à Schaan (Liechtenstein) et tint un magasin de jouets et d’art en bois. Il se maria ensuite à Gehlberg (Thuringe, Allemagne) avec la fille d’un industriel.

Le couple eut deux enfants, mais divorça en 1956. Immédiatement après, Ludwig Tress se remaria. Malgré trois enfants, ce second mariage ne dura pas longtemps.

Parmi ses créations artistiques ultérieures, on connaît un retable à volets dans l’église de montagne de Gehlberg datant de 1952 et une peinture murale de saint Laurent de 1958 à Schweina (Thuringe). Ludwig Tress serait mort vers 1972.

 

«… de petites cabanes de gardien sont taillées dans cette roche… » Le poste de garde de Marungglii de type « place-refuge » près d’Albinen (territoire de la commune de Loèche/VS)

À l’écart des forteresses et des châteaux connus, il existe sur le terrain de petites installations de différentes époques. Près d’Albinen, au-dessus de Loèche (VS), une petite construction d’environ 2 m sur 3 m et d’une hauteur d’environ 4 m est cachée dans une forêt, accrochée à un rocher. Jusqu’à présent, elle n’était connue que de la population locale et doit maintenant être étudiée sous le parrainage de l’association culturelle locale « Altes Albinen plus ». L’objet, considéré jusqu’à présent comme une « caverne de brigands », fait penser à un petit refuge, mais devait être un poste militaire d’observation et de défense ou de barrage. Deux installations de ce type furent déjà recensées au col de la Gemmi tout proche, et manifestement identifiées comme des éléments d’un dispositif jusqu’ici inconnu à l’une des portes d’entrée du Valais. Ces exemples et d’autres comparables rapportés par Lukas Högl (1986), étayés par des illustrations de chroniques et des rapports contemporains, suggèrent une datation aux XVe – XVIe siècles. Cependant, la campagne de recherche sur l’objet avec des données scientifiques reste à faire.

 

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