Revue Moyen Âge 2011/4

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Description

Werner Wild et Peter Niederhäuser: De la maison en pierre et siège de la noblesse au « Bauhof »

Christina Schmid: Fonctions des pièces et mobilier archéologique dans les châteaux – les possibilités offertes par l’archéologie

 

e-periodica.ch/2011/4

 

De la maison en pierre et siège de la noblesse au « Bauhof »

Entre 2009 et 2011, dans le cadre de travaux de transformation, le Département cantonal d’archéologie de Zurich a étudié en substance les pièces du sous-sol et du rez-de-chaussée de deux bâtisses de la Technikumstrasse 66 et 68 à Winterthour. Le premier noyau de construction identifiable (noyau I) – une maison en pierre de 6,5 sur 8,5 m – est en partie encore conservé sur deux étages. Les murs indiquent la présence de différents matériaux pierreux. Après des zones de pierres de taille et de grès de petit format suit par endroits un appareil en épi de blé composé de moellons.

Dans le crépi, réalisé selon la technique du « pietra rasa », des joints tirés en fer horizontaux, et aussi quelques-uns verticaux, ont été tracés à la truelle de maçon. Ceux-ci présentent encore quelques traces d’une peinture en ocre rouge. Les chaînes d’angle sont en bossage. Cette maison en pierre a été construite dans le courant du 12e siècle ; et elle est plus ancienne que le mur de la ville, qui se situait entre 2,2 et 2,7 m plus au sud. On ne sait pas encore si un dispositif de fortification précédant existait déjà au moment de la construction de la maison. Plus tard, l’espace libre la séparant du mur de la ville a été intégré à la maison en pierre.

Des datations dendrochronologiques sont disponibles pour les étapes de construction suivantes. La maison voisine à l’est (noyau II) a été annexée au mur de la ville en 1281 (d). Entre les deux maisons se trouvait une construction en bois. Un incendie, qui a endommagé la maçonnerie, a également laissé d’importantes traces rouges sur les pierres. La cave d’une nouvelle construction, érigée en 1317 (d) entre les maisons en bois (noyau III) est entièrement préservée.

En 1343 (d) on a regroupé cette nouvelle construction et la maison en pierre la plus ancienne, pour former un vaste corps de construction qui atteignait un peu près le volume actuel de la propriété de la Technikumstrasse 68, appelée « Bauhof ». En 1405, la bâtisse était aux mains des Seigneurs de Adlikon. Depuis ce moment-là, l’histoire de ces maisons se laisse reconstituer et on peut se faire une idée aussi du voisinage. Tandis que le « Bauhof » est resté jusque vers la fin du 16e siècle un siège de la noblesse, ses voisins étaient plutôt des ecclésiastes et des artisans.

La substance de construction médiévale retrouvée dans le « Bauhof » et la maison voisine de la Technikumstrasse 66 a été en grande partie reprise dans le nouveau concept d’aménagement. Le bon niveau de conservation a permis aux propriétaires de la Technikumstrasse 68, d’utiliser la cave de la fin du moyen-âge comme pièce accueillant des expositions itinérantes d’art moderne.

 

Fonctions des pièces et mobilier archéologique dans les châteaux – les possibilités offertes par l’archéologie

Au centre des études présentées ici, se profile la question de la contribution de l’archéologie, dans le cadre de l’examen des fonctions des pièces et du mobilier archéologique des sièges de la noblesse. Pour réaliser une analyse fonctionnelle des pièces, outre les vestiges architecturaux, on accorde aussi une grande importance aux objets retrouvés dans les pièces.

Dans ce contexte, les inventaires archéologiques issus de conditions de formation bien définies s’avèrent particulièrement adaptés à de tels examens du schéma de répartition de l’espace : notamment  les fouilles où la fin de l’activité humaine a été marquée par un événement inattendu (par exemple un incendie). Dans de telles situations, les gens n’avaient que peu de temps à disposition pour modifier de façon décisive l’emplacement des objets qui forment le mobilier archéologique.

Lorsque les objets n’ont plus subi de déplacement important ultérieurement, on peut supposer, sur la base des circonstances particulières de la formation des traces archéologiques, qu’il est possible de déduire la fonction, respectivement l’utilisation des pièces, sur la base de l’emplacement des objets trouvés ainsi que leur socialisation avec d’autres objets.

Il est apparu que certaines activités réalisées dans les châteaux ont pu être attestées sur la base d’analyses de la configuration des objets retrouvés. Lorsque les circonstances de fouilles sont particulièrement favorables, il est possible d’établir des déductions quant à la fonction d’une pièce ou d’un bâtiment.

A l’heure actuelle, la base disponible relative à de telles découvertes est toutefois encore trop modeste pour en déduire des schémas ou des concepts. Si à l’avenir une attention plus grande est portée à l’emplacement des objets trouvés, il sera certainement possible d’établir des liens plus vastes, quant à l’utilité des différentes zones au sein d’un château, ainsi que sur les gens qui y vivaient.

 

Trad. Sandrine Wasem (Thun)